voici plus deux mois que j’ai promis d’écrire un article sur la sobriété et les petits gestes du quotidien pour diminuer notre impact sur la planète. L’idée m’est venue à la suite d’une discussion avec un ami à qui on avait conseillé d’éteindre son GSM pendant le temps d’un concert, pour «économiser beaucoup d’énergie!». Je ne me suis pas lancé dans le calcul, mais vous conviendrez qu’il doit s’agir de broutilles, même si on compte l’énergie économisée par les opérateurs réseau. La seule vraie économie serait que, pendant la durée du spectacle du moins, on ne regarde pas une vidéo en streaming, qui elle consomme beaucoup d’énergie. Bref un geste bien léger à notre avis, même si pas tout-à-fait inutile si toute la salle le fait.
J’ai googlé tant et plus et j’ai trouvé des listes innombrables et interminables, de « petits gestes utiles pour la planète». Les uns pour l’économie d’énergie, les autres pour réduire son empreinte carbone, sa facture d’électricité, de gaz, d’eau etc…
Entre :«il faut couper le robinet quand on se lave les dents » et « il faut isoler sa maison et la rendre étanche en ajoutant une PAC (pompe à chaleur) et une VMC »(investissement total supérieur à 15.000€), je n’ai trouvé que des conseils dont on nous a rabâché les oreilles depuis les années ’70 . Souvenez-vous, les dimanches sans voiture lors de la crise du pétrole, et puis les Français qui n’avaient pas de pétrole mais des idées. Depuis, beaucoup ont eu pas mal d’idées pour aller chercher le pétrole là où il se trouvait, sans en dénoncer les conséquences désastreuses sur le réchauffement climatique et la perte de biodiversité. Toutes ces excellentes idées qui auraient pu faire baisser les revenus des multinationales des énergies fossiles ont été mises au placard depuis tout ce temps.
Je n’ai donc rien trouvé d’original que vous n’auriez déjà lu ou entendu. Prendre des douches au lieu de bains nous fait certes économiser quelques euros par an: j’ai calculé 75€/an/personne pour une douche tous les 2 jours, contre 3 à 4 fois plus pour le même nombre de bains. Mais c’est en tenant compte d’un tas d’hypothèses simplificatrices.
Idem pour les box de nos chers réseaux internet domestiques: on peut peut-être gagner 20 à 50kWh/an. Faites le compte, ça ne va pas compenser l’augmentation du prix de nos dépenses énergétiques à la maison.
Autre exemple, mangeons moins de viande rouge pour économiser … de l’eau :15m3 d’eau par kg de viande rouge!
Bref, la conclusion première, c’est que les petits gestes se calculent de manière délicate, mais que les avantages sont multiples. Que les calculs que l’on proposent à gauche et à droite sont basés sur des hypothèses simplificatrices et des résultats souvent exprimés exclusivement en gains économiques. Si on prend l’exemple des douches, il y a évidemment le prix de l’eau et de l’électricité, mais l’impact sur la rareté de l’eau n’est pas pris en compte et il dépend grandement du lieu et du moment de la consommation. Si vous prenez une douche en Belgique en hiver, il y a beaucoup d’eau disponible, c’est beaucoup moins grave qu’une douche l’été dernier en pleine période de sécheresse dans le midi de la France.
Je vous invite donc à penser par vous même, mais sans vous limiter à l’impact économique direct du geste. En fonction des circonstances de vos gestes et de leurs conséquences sur l’environnement: il n’y a pas que l’empreinte carbone, il y a aussi l’influence sur la biodiversité, sur le risque de priver les autres d’une ressource vitale etc… Pensons au black-out électrique qui peut être évité simplement grâce à l’étalement de nos consommations au long de la journée mais aussi de la semaine . Faire sa lessive le WE permet de réduire le stress électrique etc…
A force de penser aux efforts que nous devons faire, je me suis rendu à une conférence intitulée « Ralentir ou périr, l’économie de la décroissance » qui a eu lieu ce mardi 13 décembre 2022, au HEC de liège ! (« Ecole de commerce et d’économie !). C’était la première fois qu’une conférence sur la décroissance était donnée dans une université belge (dixit les organisateurs).
Le terme de décroissance ne fait plus si peur nous dit-on et l’ « économie écologique » étudie ce phénomène. L’orateur, Timothée Parrique, nous a présenté entre autre trois volets de la décroissance :
– la limitation : par exemple limiter le nombre de km parcourus en avion par an par personne
– la substitution : prendre le train ou le vélo au lieu de l’avion ou de la voiture
– la sobriété : diminuer les biens matériels consommés
Pour l’écouter en parler : Sobriété : une question de survie… et de mieux être
Il dit encore : « La sobriété peut être heureuse. Il faut privilégier les liens au lieu des biens ! »
Cher coopérateur, vous avez déjà fait un pas vers la décroissance en investissant dans une coopérative citoyenne. Vous avez déjà pris le parti de privilégier la citoyenneté pour la création de valeur. Cette valeur, elle tient d’abord dans le choix des énergies renouvelables, qui respectent les valeurs environnementales, et ensuite dans celui de le faire avec d’autres citoyens, à égalité, en respectant le principe d’un homme une voix, sur le chemin de l’égalité sociale.
Il nous reste maintenant à faire l’effort de la sobriété.
Si vous voulez aller plus loin sur les propositions chiffrées de la sobriété: https://www.negawatt.org/sobriete-propositions-chiffrees
Car la meilleure énergie est celle qui n’est pas consommée!
Coopérativement vôtre.
Pierre Audrit